Un sondage récent de l’UFC Que Choisir révèle que 58 % des Français se lancent dans des travaux de rénovation énergétique sans effectuer de Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Cette tendance démontre que, malgré l’importance du DPE dans les transactions immobilières, il peine à devenir un réflexe lors de rénovations. Pire encore, moins de 20 % des rénovations sont précédées d’un audit énergétique, ce qui limite la capacité des propriétaires à cibler les travaux les plus pertinents pour améliorer l’efficacité énergétique de leur logement.
Le DPE permet pourtant d’identifier les points faibles d’une habitation et de prioriser les interventions nécessaires, une approche de bon sens avant d’investir dans des travaux souvent coûteux. En effet, connaître la performance énergétique de son logement est essentiel pour éviter des erreurs courantes, comme l’installation d’une pompe à chaleur dans une maison mal isolée. Bien que cette solution soit largement subventionnée par l’État, elle ne garantit pas nécessairement les économies d’énergie attendues, surtout si le système est surdimensionné pour un logement énergétiquement inefficace.
Le réseau public France Rénov’ soutient également cette démarche, en encourageant la réalisation d’un DPE ou d’un audit avant tout projet de rénovation. Une telle évaluation permet d’identifier les sources de pertes d’énergie et de gaspillage, et d’optimiser les travaux en conséquence. L’objectif est d’éviter des dépenses inutiles ou inefficaces et de maximiser les gains en matière d’économies d’énergie.
Cependant, malgré son importance reconnue, le DPE avant-travaux reste marginal dans les pratiques actuelles. Le gouvernement a pourtant tenté de l’imposer dans le cadre du dispositif MaPrimeRénov ». Jusqu’à une réforme en mai dernier, cette aide exigeait la réalisation d’un DPE avant tout travaux dits « monogestes », c’est-à-dire portant sur un seul aspect de la rénovation énergétique. Cette exigence visait à guider les propriétaires vers des choix plus éclairés, en s’appuyant sur l’expertise d’un diagnostiqueur indépendant et impartial.
Toutefois, sous la pression des fédérations du bâtiment, considérant cette exigence comme un frein administratif aux travaux, cette initiative a été abandonnée. Malgré cela, le DPE avant-travaux pourrait revenir dès le 1er janvier prochain sous un format similaire : aucun financement pour des travaux monogestes sans un diagnostic préalable.
Il reste à voir si cette mesure sera maintenue ou à nouveau repoussée. Alors que le gouvernement cherche à réformer MaPrimeRénov’ pour encourager davantage de rénovations, l’arbitrage entre efficacité des travaux et simplification administrative pour soutenir l’activité du bâtiment reste en suspens. La question est de savoir si l’on priorisera l’efficacité énergétique des rénovations via un diagnostic préalable ou si l’on se concentrera sur la simplification pour favoriser une adoption plus large des aides.